Le 15 juillet 2024, la Commission de Régulation de l’Énergie (CRE) a proposé une hausse de 1% du tarif réglementé de l’électricité en raison de l’augmentation des tarifs d’acheminement. Cette hausse ne s’appliquera pas, suite à une décision du gouvernement. Mais cette situation est exceptionnelle. Depuis de nombreuses années déjà le prix de l’électricité subit de fortes évolutions ? Comment expliquer cette augmentation des prix de l’électricité ? Plus globalement, quelle a été l’évolution des prix de l’énergie depuis 10 ans ? Dans un contexte de hausse, comment protéger son pouvoir d’achat ?
Pour bien comprendre pourquoi le prix kwh de l’électricité augmente, il convient de regarder comment il se structure. En France, sur le segment des particuliers, on distingue :
Besoin d’aide pour créer votre projet solaire ?
Appelez-nous maintenant ou choisissez un créneau horaire de votre choix pour échanger avec nos conseillers. Profitez dès maintenant de panneaux solaires garantis à vie* !
*Conformément aux dispositions prévues au sein de nos Conditions Générales de Vente.
Les tarifs réglementés de l’électricité sont proposés par la CRE. Ensuite, ils doivent faire l’objet d’une approbation par le Ministère de l’Économie et le Ministère de la Transition écologique.
Ces tarifs sont pratiqués par les fournisseurs historiques d’électricité en France, à savoir :
Pour fixer les tarifs réglementés, la CRE suit une méthodologie « d’empilement des coûts » établis dans l’article L337-6 du Code de l’Énergie.
Concrètement, le tarif réglementé de vente (TRV) est fonction de :
Ce prix est révisé deux fois par an. Une fois au mois de février et une fois en août au moment de la révision du TURPE. Aujourd’hui, le tarif réglementé reste encore le plus souscrit en France. Au 31 décembre 2023, selon les données de la CRE, encore 61 % des particuliers sont clients du TRV.
Suite à la libéralisation du marché de l’électricité à la concurrence en 2007, sont apparues des offres de marché d’électricité. Elles sont pratiquées par les fournisseurs alternatifs, les nouveaux entrants sur le marché. Les fournisseurs historiques, comme EDF, en proposent également.
Il existe trois grandes typologies d’offres :
Au 31 décembre 2023, 39 % des Français ont choisi une offre de marché.
Le prix de l’électricité n’a cessé d’augmenter depuis 10 ans comme le montre la courbe proposée par Eurostat, le service de statistiques de l’Union européenne.
Quelles sont les causes de l’augmentation du prix de l’électricité et durant les années précédentes ? Comment s’en prémunir ?
Le prix de l’électricité est en constante évolution. Pour bien appréhender la hausse, il convient de faire un rapide point sur la décomposition de la facture. Le montant de la facture se structure en trois axes selon la CRE :
En France, les prix de fourniture dépendent en grande partie du prix de l’ARENH, qui est resté stable depuis 2012. Ils dépendent également des prix sur les marchés de gros dont les prix ont été très variables comme le montre le graphique du Ministère de la Transition écologique.
Au-delà de la volatilité des prix sur les marchés, les évolutions de la fiscalité ont également contribué à la hausse de la facture des ménages. Entre 2003 et 2016, la CSPE (Contribution au Service Public de l’Électricité) est passée de 3 € à 22,5 € par MWh. Exceptionnellement, elle a été baissée en 2022 et 2023 dans le cadre du bouclier tarifaire.
Elle est repassée à 21 € / MWh en 2024 et atteindra 32 € par MWh en 2025. Une évolution des taxes qui impacte forcément le prix de l’électricité à la hausse.
Les tarifs d’acheminement ont également eu tendance à augmenter ces dernières années. En effet, le tarif d’acheminement suit notamment les cours de l’inflation qui a été croissante comme le montre le tableau ci-dessous.
Traditionnellement, les hausses du tarifs d’acheminement ont lieu le 1er août chaque année. Cette année, le TURPE n’évoluera pas à cette date. Alors qu’il devait subir une hausse de 1%, le gouvernement a décidé de ne pas l’appliquer.
La CRE doit présenter de nouvelles conclusions d’ici deux mois. Elles se traduiront probablement par une nouvelle proposition de hausse des tarifs d’acheminement.
Avec la pandémie de Covid-19, l’économie mondiale a ralenti. De nombreuses usines et entreprises à l’arrêt ont réduit drastiquement leurs consommations de gaz et de produits pétroliers en 2020 et 2021.
Avec la relance économique mi-2021, les entreprises ont recommencé à avoir besoin de gaz. La demande a été plus soutenue, notamment du fait de la reprise de l’activité en Chine. À cela s’est ajoutée l’arrivée de l’hiver 2021 et la hausse des consommations liées au chauffage. Les prix du gaz ont fait un bond sur les marchés.
En parallèle, des opérations de maintenance en mer du Nord ont diminué les possibilités d’exportation de la part de la Norvège, l’un des principaux fournisseurs de l’Union européenne. La Russie, de son côté, a été accusée de limiter volontairement les exportations de gaz pour faire grimper les prix.
Or, le gaz constitue 20 % du mix énergétique européen. Si la matière première augmente, les coûts de production dans les centrales thermiques à flammes partent à la hausse. Cela fait monter le prix de l’électricité pour les particuliers et pour les professionnels.
Les cours du gaz ayant subi une augmentation sans précédent, le prix du MWh d’électricité sur les marchés de gros s’est envolé. Sans l’intervention du gouvernement via la mise en place du bouclier tarifaire la hausse du tarif réglementé de l’électricité aurait dû être de :
Elle a été contenue à 4 %.
Pour aider les ménages à faire face à la hausse des prix de l’énergie, le gouvernement a mis en place un bouclier tarifaire. Celui-ci a permis d’endiguer la hausse des tarifs réglementés de l’électricité à 4 % maximum. Pour cela, les autorités publiques ont activé deux leviers :
Voyons cela plus en détail.
La CSPE est la principale taxe sur l’électricité en France. Elle permet notamment de financer le développement des énergies renouvelables et le chèque énergie. Portée à 22,5 € depuis 2016, elle a été abaissée à 1 €/MWh pour les ménages et petits professionnels et à 0,5 € / MWh pour les entreprises avec un compteur d’une puissance supérieure à 36 kVA. Cette baisse de la CSPE intervient entre le 1er février 2022 et le 1er février 2023. Elle a été prolongée en jusqu’en 2024. En février 2024, elle est portée à 21 € / MWh et devrait être portée à 32 € / MWh en 2025.
L’ARENH permet de stabiliser les prix de l’électricité. Les fournisseurs alternatifs peuvent bénéficier d’un prix de 42 € / MWh souvent bien inférieur à celui des marchés de gros, dans la limite de 100 TWh au total. Lorsque les demandes d’ARENH sont inférieures à 100 TWh, chaque fournisseur reçoit 100 % de sa demande. À l’inverse, lorsque l’on fait face à un besoin supérieur à 100 TWh, les fournisseurs ne reçoivent qu’un pourcentage minoré de leur demande. C’est notamment ce qui s’est passé en 2022. Chaque fournisseur a reçu 62,37 % de ses droits à l’ARENH.
Pour compléter, les opérateurs doivent aller se fournir sur les marchés de gros de l’électricité. Or, en 2022, les prix ont été particulièrement élevés. Selon RTE, le 3 janvier 2022, le prix du MWh à midi était porté à 96,39 € contre 52,04 le 3 janvier 2021 à midi.
L’écrêtement de l’ARENH influe sur le prix du kWh. Le tarif réglementé inclut la part achetée sur les marchés à un prix fort.
Pour minimiser les achats sur les marchés de gros européens, le gouvernement a ajouté 20 TWh d’ARENH supplémentaires pour l’année 2022 à un prix de 46,5 € / MWh.
La hausse du plafond de l’ARENH et la baisse de la CSPE ont permis de limiter l’augmentation à 4 % en février 2022. Ensuite, le gouvernement a décidé de geler les tarifs réglementés de l’électricité pendant 1 an. Ils n’ont pas évolué jusqu’en février 2023.
Le prix de l’électricité a fortement augmenté en 2023. Le tarif réglementé de vente de l’électricité a subi une hausse :
Enfin, en 2024, du fait de l’arrêt progressif du bouclier tarifaire, le TRV de l’électricité a subi une nouvelle augmentation :
Cette augmentation est la seule qui est intervenue en 2024 puisque le gouvernement a décidé de ne pas appliquer la hausse du TURPE en août 2024.
Difficile à dire. Pour le moment, le gouvernement se veut optimiste. Bruno le Maire a annoncé une baisse de 15% des tarifs réglementés de l’électricité en février prochain.
Cependant, l’incertitude demeure. En raison des élections législatives et du remaniement ministériel à venir, la politique gouvernementale est amenée à changer et pourra affecter la manière dont sont calculés les prix de l’énergie.
Par ailleurs, la conjoncture politique interne n’est pas la seule variable à prendre en compte.
Le prix de l’électricité dépendent du marché européen et des conditions climatiques. Un hiver très rigoureux pourrait, par exemple, obliger la France à avoir recours à plus d’importations pour compenser le fort usage des chauffages électriques dans notre pays. A l’inverse, un hiver clément permet de limiter les besoins de production. Ces éléments imprévisibles rendent difficile la certitude quant à une baisse effective des tarifs.
Sans compter qu’il faudra s’attendre de toutes les façons à une hausse de l’électricité d’ici 2030. La création de nouvelles infrastructures de production (centrales nucléaires et énergies renouvelables) ainsi que la maintenance sur le réseaux électriques impliquent des coûts croissants qui seront forcément répercutés sur la facture des ménages et des entreprises.
Les prix de l’électricité font face à une tendance haussière. Pour limiter les conséquences des évolutions des tarifs sur la facture, les ménages peuvent élaborer des stratégies.
Les kWh les moins chers sont ceux que l’on ne consomme pas. Afin de réduire la facture d’électricité, il faut optimiser sa consommation d’énergie. Cela passe par la mise en place d’écogestes au quotidien comme :
En fonction des caractéristiques de votre logement et de vos habitudes, d’autres bonnes pratiques peuvent s’appliquer.
Selon la Fondation Abbé Pierre, spécialiste du mal-logement, un logement rénové peut engager jusqu’à 60 % d’économies d’énergie par an pour un ménage. Dans une optique de réduction de la facture d’énergie, il convient d’effectuer des travaux d’isolation.
Au-delà des travaux d’isolation, vous pouvez aussi choisir de remplacer votre ancien système de chauffage par une pompe à chaleur, économe en énergie. De la même manière, vous pouvez changer votre ancien cumulus électrique pour un chauffe-eau thermodynamique. Ce ballon performant permet de diminuer jusqu’à 80 % votre facture d’eau chaude.
Enfin, en installant des panneaux solaires en autoconsommation sur son toit, on peut produire de l’énergie solaire chez soi. C’est un moyen de faire baisser sa facture d’énergie. En effet, de la même manière que l’on peut consommer les légumes de son potager, on peut consommer sa production solaire. Ce faisant, on soutire moins d’électricité au réseau. En outre, l’électricité photovoltaïque non consommée peut être vendue en obligation d’achat (OA Solaire) et permet aux ménages de générer un revenu passif.
Grâce à l’autoconsommation, un foyer peut réaliser jusqu’à 60 % d’économies* d’énergie grâce aux panneaux photovoltaïques. De plus en plus populaire, cette pratique a séduit plus de 387 000 consommateurs français selon les données d’Enedis.
Tout savoir sur l’autoconsommation solaire
* Limite maximale évaluée à partir de données observées en 2022 chez un panel d’environ 1500 clients. Information indicative et non contractuelle, dépendant notamment des conditions d’ensoleillement réel et des choix et pratiques quotidiennes d’utilisation des équipements électriques du foyer.
FAQ
Le tarif réglementé est fixé par la CRE et pratiqué par EDF et les ELD. Les offres à prix fixes, quant à elles, sont des offres de marché. Les fournisseurs qui le commercialisent sont libres d’en fixer le prix.
Une partie de la production d’électricité de l’Union européenne est assurée par des énergies fossiles. Si le cours des hydrocarbures augmente, cela se répercute sur le prix du kWh. Mécaniquement, cela fait grimper la facture des ménages.
Cela dépend de l’offre choisie et du fournisseur choisi. Depuis le 1er février 2022, au tarif réglementé d’EDF, le prix du kWh en option base est de 0,1740 €. Pour les ménages ayant fait le choix de l’option heures pleines heures creuses, le prix du kWh en heures creuses et de 0,1470 € et de 0,1841 € en heures pleines.
Le prix de l’électricité évolue tous les ans au 1er février, sur la partie fourniture et taxes ainsi qu’au 1er août sur les tarifs d’acheminement. Il est donc possible que le prix de l’électricité évolue au 1er février 2025.
La fixation des prix de l’électricité se fait selon la règle du merit order. Le merit order est un mécanisme qui établit un ordre de priorité pour la mise en œuvre des unités de production électrique en fonction de leur coût marginal variable. Cela signifie que, toutes les demi-heures, les unités de production sont appelées à produire de l’électricité en commençant par celles ayant le coût marginal le plus bas. Ce coût marginal inclut le coût de l’énergie primaire (gaz, fioul, charbon, uranium), le prix du carbone, les coûts de maintenance et d’entretien, ainsi que diverses taxes. Par conséquent, le prix du kilowattheure (kWh) d’électricité est déterminé toutes les 30 minutes par le coût de la dernière unité de production appelée à intervenir. Souvent la dernière énergie appelée est le gaz. C’est pourquoi le prix du gaz est indexé sur celui de l’électricité.